vendredi 2 janvier 2015

L'Art moderne et ses cautions

Dans un de mes précédents articles (La naissance de l'Art marchand - 30 novembre 2014), j'abordai l'épineuse question posée par la valeur de l'art moderne, ou devrai-je dire de ce que l'on désigne comme art moderne. Ceux qui auront lu l'article en question se doutent aisément qu'un ramassis de détritus, qu'une toile peinturlurée par une fillette de quatre ans, ou qu'un fameux urinoir ne représentent pour moi pas grand chose, et certainement pas de l'art, pas même une réflexion intéressante sur celui-ci.
Je relisais un passage de l'Anti-Manuel de Philosophie de Michel Onfray, et me suis rappelé ce qui me chagrinait chez cet auteur. A force de se vouloir trop hédoniste et de le faire savoir haut et fort par tous les chemins médiatiques d'aujourd'hui auprès desquels il semble avoir ses entrées, on finit par asséner des truismes issus de vérités fabriquées. Onfray, dans son anti-manuel par lequel transpire abondamment son désir d'en faire un manuel de référence, pose en connaisseur d'art éclairé, abreuvé de philosophie, et cherche à convaincre le lecteur qu'il faut considérer comme majeur l'art moderne . Selon lui, l'urinoir de Duchamp a une valeur exceptionnelle car elle déboulonne l'idée platonicienne que seul le Beau peut plaire, mais aussi car c'est la première œuvre affranchie de tout support classique et traditionnel. Depuis l'urinoir signé par Duchamp (sous un pseudo), l'idée est née de la valeur artistique d'un objet du quotidien pour peu qu'un "artiste" l'assume par sa griffe.
Ainsi, depuis 1917 et la présentation à un jury d'un urinoir, le concept affligeant instituant que tout objet banal et par extension toute personne est capable de produire une œuvre d'art.


Onfray, dans sa démonstration malhonnête ou spécieuse, va jusqu'à feindre que l'art ne peut être qu'une représentation figurative trop classique ou qu'une œuvre d'art moderne dont la seule intention est finalement de contredire la première par le biais d'une fumisterie adoubant n'importe quel quidam désireux de se prendre pour un artiste. Selon lui, même s'il évoque Cézanne dont les pommes ne sont pas réalistes, la représentation du réel transfiguré n'a débuté véritablement qu'avec l'urinoir. Là, c'est clairement de la mauvaise foi, car lorsque l'on se targue de connaître l'art et son histoire, il eut été facile de citer bien des artistes ayant brillamment transfiguré le réel bien avant 1917, et qui plus est, tout en faisant montre de capacités techniques exceptionnelles (Bosch, Dürer, Goya, les Impressionnistes, etc...).

(Hyeronimus Bosch)



(Hyeronimus Bosch)

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