lundi 31 août 2015

Stu Mead, scandale ?

Une exposition de Stu Mead crée ce que les media annoncent comme un énième scandale dans le monde de l'art contemporain, sachant que les media sont les premiers à faire leur beurre avec ce genre d'offuscation prétendue.
De fait, l'expo suscite bien des interrogations voire une indignation somme toute compréhensible car la plupart des oeuvres met en scène des jeunes filles dans des situations ouvertement sexuelles, parfois même d'ordre zoophile.
Que faire ? Pour une fois je ne sais si je dois condamner ou cautionner. Non pas que l'art de Stu Mead soit étincelant au point de pardonner ses écarts, étant donné que ses œuvres, graphiquement, s'assimilent à de la bande dessinée érotique quelque peu éculée. Mais doit-on systématiquement censurer dès lors que la morale, même la plus louable, est atteinte ? Je suis le premier à défendre Sade, même si dans l'oeuvre sadien, précisons-le, ce ne sont pas les relations sexuelles qui sont intéressantes. Doit-on cacher les oeuvres de Beardsley, Loüys, Bellmer, etc ?





L'exposition de Stu Mead a lieu dans une galerie, donc hors du cadre public dans lequel évoluent normalement enfants et personnes désintéressées par la chose ; or, c'est dans la diffusion incontrôlée (ou délibérément massive pour des raisons idéologiques que je désapprouve dans ce cas) que j'ai à redire.
Ce qu'il y a d'agaçant dans le cas présent, ce sont les propos de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, qui dit ne rien voir d'obscène dans les oeuvres exposées, d'une part, et les media qui finissent par diffuser les oeuvres à tout bout de champ, d'autre part.
L'obscénité, l'exposition ou l'apologie d'actes immoraux par le biais de l'art sont, à mon sens, une récurrence que l'on ne doit pas prohiber. Cependant, il est plus que primordial de les canaliser et d'en contrôler la diffusion. Une fois de plus, honte aux mass media.

mercredi 19 août 2015

Sade, précurseur de la poésie moderne


Que cherchait donc Baudelaire, que Rimbaud judicieusement qualifia de « premier voyant », si ce n’est de suggérer les sensations et les états de l’âme, de donner un nom au ressenti, de dépeindre l’indicible activité de ce que Pessoa appelait « l’esprit corporel » ?
           Pour ce faire, Baudelaire crée des correspondances  inédites, mettant à contribution l’imagination du lecteur et non plus la culture historique, scientifique ou morale de ce dernier. Il rêve d’un monde où « tout ( ) parlerait  / à l’âme en secret / sa douce langue natale ». Il vise la traduction accessible à tous du langage mystérieux dont semble disposer l’être humain en son âme, par le secret discours d’états de la conscience, en son corps par la diffusion compréhensible de sensations que l’on ne saurait parfaitement décrire. Lorsque Baudelaire décrit le pouvoir d’un rire comme le souffle d’un vent, il pose les jalons de la poésie moderne. Ce qui pourrait être qualifié d’absurde ou de non avenu est un outil nouveau du langage, langage ainsi doté, par cette adjonction d’audace, d’auto-régénérescence, capable ainsi d’évoluer et de s’enrichir par l’élargissement des sens applicables aux mots. Il n’y a aucun doute que le dérèglement de tous les sens de Rimbaud, est bien le sens intelligible mais aussi les capteurs sensibles. Et lorsque Pessoa parle de l’esprit du corps nous pouvons lui adjoindre le corps spirituel, tout comme à cet enrichissement de la pluralité sémantique nous pouvons faire coïncider la démultiplication des sens physiologiques.
            La destination de la poésie moderne est de conjuguer corps et esprit, son voyage de rendre nos sens intelligibles et notre intellect sensuel, son point de départ le constat inacceptable de la distance entre le Verbe et l’action. Dans l’acte, nul ne sait échafauder de raisonnement et moins encore de discours explicitant son acte. A l’opposé, dans l’élaboration ou la transcription d’un raisonnement, nul ne peut s’adonner en simultané à une activité physique délibérée.
            En cela, Sade apparaît comme le précurseur de la poésie moderne. L’un de ses exégètes, Yvon Belaval, le note très justement en évoquant les personnages sadiens : «  Ils disent tout ce qu’ils disent et font ». De fait, les personnages de Sade s’expriment intelligiblement tandis qu’ils tressaillent à la faveur d’un orgasme.  L’un des plus grands théoriciens-poètes de l’œuvre sadien, Antonin Artaud illustre ce paradoxe ainsi : «  Il y a un esprit dans la chair, mais un esprit prompt comme la foudre. Et toutefois, l’ébranlement de la chair participe de la substance de l’esprit ».  Le corps vit par l’esprit, l’esprit par le corps, mais il demeure impossible, même au plus brillant des poètes, d’expliquer cette interdépendance. Artaud encore : «  Je ne me livre pas à l’automatisme sexuel de l’esprit, mais au contraire dans cet automatisme je cherche à isoler les découvertes que la raison ne me donne pas ». Hélas, il cherche, sans trouver, sans jamais n’accéder à un autre état que la suggestion de cet occulte lien existant en tout être humain. 
D’où la résignation de certains chercheurs ou voyants, pour reprendre le terme rimbaldien. Henri Thomas : « Le mot le plus juste est encore vain, / puisqu’ici le corps est tout le mystère. », ou la météorite des lettres portugaises, Mario de Sa-Carneiro : « J’ai tout entamé mais rien possédé… / De moi, aujourd’hui, ne me reste que le désenchantement / des choses que j’ai embrassées mais pas vécues », ou encore René Char : « Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir ».

Sade est donc le premier à buter contre cette conscience d’un inaccessible, perçu au travers du voile d’un inconscient laconique, ressenti par la logique diffuse d’un déterminisme du corps, prolixe émission de nos sens  émanant de nos instincts.
L’esprit du corps est bien le plus difficile à cerner, et nous n’en pouvons connaître que le cadre structurel : l’action, et plus généralement, l’érotisme. L’érotisme est le codex utilisé pour l’énoncé de tout acte délibéré. Il est nécessaire à la prévisualisation d’un acte,  gère l’adaptation du corps à l’acte en prévoyant l’énergie requise, mais aussi le scenario, sa structure narrative, intelligible.

lundi 10 août 2015

Dialogue louant la Sainte Croix

Ci-dessous les quatre premières pages du sublime manuscrit Dialogue louant la Sainte Croix.
La mise en page, plus qu'audacieuse, évoque nos BD actuelles, certains procédés étant véritablement d'avant-garde.

Dialogus de laudibus sanctae crucis (Dialogue louant la Sainte Croix), écrit entre 1170 et 1180, appartint autrefois au monastère bénédictin de Saint-Emmeran de Ratisbonne (aujourd'hui Regensburg), en Bavière. Ce manuscrit est le seul à contenir ce texte faisant les louanges de la Croix. Le texte, écrit par un auteur non identifié, se présente sous la forme d'un dialogue didactique entre « magister » et « discipulus », le professeur et un élève. Il raconte l'histoire du salut par la Sainte Croix dans la tradition dite de l'exégèse typologique. Le texte est accompagné d'un cycle pictural complet avec 47 petits dessins au trait exécutés à l'école de Ratisbonne, qui est difficile à localiser, mais qui se situait probablement dans le monastère de Saint-Emmeran ou le couvent de Prüfening. Il s'agit de l'un des plus anciens cycles typologiques encore existants aujourd'hui et d'un ouvrage précurseur de la Biblia pauperum (Bible des pauvres). (Source : Bibliothèque numérique mondiale. Lien vers le document :
http://www.wdl.org/fr/item/13453/






 


 

Jorge Miguel

Ci-dessous quelques œuvres d'un aquarelliste qui me tient particulièrement à cœur, maître en lumières franches ou diffuses : Jorge Miguel.
Son site : http://arteosphere.blogspot.fr/




















Et Jorge Miguel n'est pas qu'aquarelliste. Illustrateur entre autres activités graphiques, et dessinateur de bandes dessinées, notamment ses dernières aux Humanos :











Mark Demsteader

Tout le mal que je peux penser de certains pseudo artistes n'entame en rien mon enthousiasme et mon appréciation de véritables artistes contemporains.
Ci-dessous, quelques exemples du travail de Mark Demsteader que je trouve remarquable par sa technicité et le rendu lumière ainsi que par le traitement de ses sujets : mystère, majesté, sensualité, retenue, féminité, ...

Son site : http://www.markdemsteader.com/






dimanche 9 août 2015

Le corps nu, les formes informes, etc : critique fondamentale d'un certain art

Le reproche fondamental que l'on peut adresser à l'art dit contemporain, ou moderne, ou actuel, bref, à cet art qui n'a plus vraiment d'âge car répondant depuis des décennies au même dessein, s'appuyant sur les mêmes ressorts ? La facilité.
Ces artistes réalisent des oeuvres que n'importe qui pourrait réaliser, et là est la critique déterminante de toutes ces oeuvres.
Un gribouillis, quelque soit le message dont on l'accompagne (car, précisément, il faut accompagner l'oeuvre d'une traduction sous peine de n'y voir justement qu'un griboullis) ou bien un placage sans intérêt de couleurs sans technicité réelle quoiqu'on en dise, telles les "œuvres" de Rothko comme celles ci-dessous


une performance sans d'autre outil ou technique que le corps (et le caractère unique de la personne qu'est l'artiste ne saura jamais être une caution suffisante, l'unicité étant le propre de tout le monde) comme Marina Abramovic ci dessous
Version moderne de celle en dessous
Quel intérêt ? Ah oui, le but était que les visiteurs habillés empruntent le passage entre eux deux.... Wouaw

A part un exhibitionnisme simple, de quoi s'agit-il ?


Hommage rendu par une "artiste" australienne à l'œuvre plus haut. Aisé d'être artiste en ce cas, car le seul talent est un pur exhibitionnisme
Carolee Schneemann :
Quelqu'un peut-il m'expliquer en quoi feindre d'extraire un instrument de son vagin est l'illustration probante de quelque message ?



Ana Mendieta :

Quelle réflexion ! Superposer le système sanguin sur son corps, nu bien sûr. Quand je pense que c'est peut-être l'une de ses "œuvres" les plus réfléchies !

Là aussi, il fallait être nue pour appuyer un message tellement important. Toute petite fille avec une Barbie en aurait fait autant



Là, j'avoue, je ne sais même pas quoi en penser, car si quelqu'un m'affirme que c'est de l'art !.....

N'importe qui disposant d'une photocopieuse au boulot et suffisamment immature pour s'amuser avec est capable de réaliser cette "œuvre". Suis étonné que Mendieta n'ait pas posé ses fesses sur la vitre de l'appareil
du land art qui est rarement autre chose qu'un déguisement d'un site naturel

Christos :

Chaque année les jardiniers de la ville de Paris sont des artistes lorsqu'ils bâchent les arbres des Champs-Elysées pour l'hiver



des sons émis avec virtuosité mais afin de réaliser des ensembles de dysharmonies ou de musiques impossibles à reinterpréter à l'identique (beaucoup de ce qu'on appelle plus largement du jazz), toutes ces formes d'expression qui n'ont d'artistique que l'épithète que des marchands ou des profiteurs malhonnêtes ont choisi d'utiliser à des fins mercantiles ou prétentieuses.

samedi 8 août 2015

Pauwels, l'Admirable

Louis Pauwels est de ces personnages qui n'ont cessé de flamboyer malgré la noirceur de ses opposants, et l'intensité du feu sacré qui l'habitait -l'intelligence libre de tout dogme, de tout compromis, de toute satiété, - a ébloui bien des vampires de l'intelligentsia, des sclérosés de l'opinion, des idéologues pour lesquels l'individu n'était rien face au progrès prodigieux de la civilisation sans se soucier que cette dernière ne vit que par ses individualités, brillantes ou non.
Pauwels était curieux de tout, jamais catégorique en ses refus si ce n'est à l'égard des initiateurs de ce qu'il appelait la sinistrose, crime de lèse-majesté selon lui à l'égard de l'homme pour qui le bonheur était devenu, dans la présomptueuse société moderne basée sur des valeurs déshumanisantes, presque un objet de fétiche déshonorant. 
Pauwels fut à la fois un incitateur à la réflexion, un découvreur et transmetteur de richesses (scientifiques, historiques ou spirituelles), un esprit libre souvent conspué par les premiers communautarismes de la société française nés à la fin des années soixante (idéologie crasse pseudo-marxiste, faiseurs d'opinions au mercantilisme non avoué,...).
Il fut l'auteur, enfin, d'un ouvrage fascinant, Le Matin des Magiciens (avec Jacques Bergier) qui se déclina en la création d'une revue, traduite dans plusieurs pays de par le monde, Planète, dans laquelle scientifiques de renom, artistes, philosophes, penseurs, historiens participèrent de la diffusion de ce que lui-même et son ami co-auteur Bergier ont appelé le Réalisme fantastique. 
 
 
 


Il fut aussi romancier (L'Amour monstre, Blumroch l'admirable,...) et essayiste (Lettre ouverte aux gens heureux, Le Droit de parler,...).
 
 

Source : http://lumieresurlestemps.blogspot.fr/

vendredi 7 août 2015

Le corps chez Mucha

 







Alfons Mucha (1860-1939, République Tchèque), que l'on ne présente plus, mais que jamais nul ne présente en tant qu'égal à ses contemporains pour la simple raison qu'il s'engagea dans l'affiche publicitaire et plus largement dans la communication mercantile.
Cela n'enlève en rien le talent de l'homme. Sublimation de la femme, mise en majesté des personnages, pompe et délicatesse dans les poses et les couleurs. Enfin, élégant hommage à la beauté féminine, mais tout en sensualité, sans exposer de nu direct mais des formes sous les voiles, quelques transparences...















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