Un
nu féminin n’a pas le même impact qu’un nu masculin. Dans le premier cas, nulle
vue directe sur les organes sexuels à proprement parler. Admettons une
comparaison audacieuse : s’il fallait exposer réellement le sexe de la
femme cela reviendrait à ouvrir le capot d’un bolide pour en observer le
moteur, ou couper une pomme en deux et être frappé par la suggestion que ce
fruit suscite par la tranche, selon une image fort véhiculée. Il me faut
préciser, avant que les bons penseurs ne s’écrient que je compare le moteur
d’une voiture à une femme, qu’il s’agit de comparer des impressions inspirées
par la vue d’un élément mis en focus au détriment de l’ensemble dont il fait
partie. Personne ne m’aurait reproché l’image de la pomme, et pourtant le sexe
d’une femme n’a rien d’un fruit, à moins que le simple fait de le porter à la
bouche et d’en gouter la saveur suffise à cautionner la comparaison pour
les outrés du premier exemple !
Ainsi, lorsque l’on voit un homme nu à la télévision, pour
ne citer que le plus généraliste des media, cela n’équivaut pas à la vision
d’une femme nue, quoique l’opinion bien pensante et chantre hystérique de
l’égalité entre les sexes en dise.
Paradoxalement, même sans gros plan génital, l’effet qu’une
femme nue procure chez le spectateur est autrement plus puissant que celui
qu’un homme nu provoque chez la spectatrice. Attention, cela ne signifie pas
que l’effet soit nul chez la femme ! Cependant, l’homme et la femme
n’alimentent pas les mêmes désirs, leur dynamique érotique étant sensiblement
différente.
L’art et plus généralement les media dénaturent depuis une
quarantaine d’années la valeur et les fondements de l’érotisme, popularisant à
outrance ce qui doit être découvert au fur et à mesure d’une vie. Outre les
différences fondamentales entre l’érotisme et la pornographie, j’oserai
celle-ci : l’érotisme vient à nous comme des chocs et des révélations
successives enrichissant au cours de l’existence nos désirs et nos plaisirs,
tandis que la pornographie découle d’un choix. La dénaturation entreprise par
les media a créé un entre-deux, trop souvent imposé aux yeux de tous pour être
qualifié d’érotisme, et trop facile d’accès pour être qualifié de pornographie.
Internet accélère ce mouvement dangereusement.
Dans les années 70, le carré blanc au bas de l’écran
indiquait que des scènes de corps dévoilés pouvaient heurter la sensibilité de
certains téléspectateurs, et ces films ou émissions n’étaient, en général, que
diffusés à des heures tardives. L’enfant ou l’adolescent qui tombait dessus
s’en voyait tout émoustillé, et conservaient délicieusement le souvenir des
images, attisant et alimentant ainsi son évolution sexuelle.
Dans les années 80, une femme enlevait son pull et se
retrouvait seins nus devant son frigo aux seules fins de promouvoir une marque
de cuisine dans une publicité. L’image en elle-même n’était pas plus choquante
que celle du film ou de l’émission cités plus haut, mais le visionnage pouvait
avoir lieu à n’importe quelle heure de la journée et sans prévention. Ce ne sont
que des seins diront certains qui s’empresseront de se gausser de mon
puritanisme apparent. C’est pourtant bien là qu’ils se méprennent, aussi bien
sur l’impact de la dite publicité que sur mon puritanisme. Il n’y a tout
simplement aucun intérêt à montrer une poitrine féminine pour vendre des
cuisines, car il n’y a aucun rapport entre des seins et une cuisine, d’où
l’effet pernicieux sur l’évolution salutaire de l’érotisme pour le jeune
spectateur. Un raccourci a été engendré, faisant fi de ce qui constitue l’une
des bases temporelles de l’érotisme : la sporadicité.
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