mardi 13 janvier 2015

Réflexion sur le Nu


Un nu féminin n’a pas le même impact qu’un nu masculin. Dans le premier cas, nulle vue directe sur les organes sexuels à proprement parler. Admettons une comparaison audacieuse : s’il fallait exposer réellement le sexe de la femme cela reviendrait à ouvrir le capot d’un bolide pour en observer le moteur, ou couper une pomme en deux et être frappé par la suggestion que ce fruit suscite par la tranche, selon une image fort véhiculée. Il me faut préciser, avant que les bons penseurs ne s’écrient que je compare le moteur d’une voiture à une femme, qu’il s’agit de comparer des impressions inspirées par la vue d’un élément mis en focus au détriment de l’ensemble dont il fait partie. Personne ne m’aurait reproché l’image de la pomme, et pourtant le sexe d’une femme n’a rien d’un fruit, à moins que le simple fait de le porter à la bouche et d’en gouter la saveur suffise à cautionner la comparaison pour les outrés du premier exemple !

         Ainsi, lorsque l’on voit un homme nu à la télévision, pour ne citer que le plus généraliste des media, cela n’équivaut pas à la vision d’une femme nue, quoique l’opinion bien pensante et chantre hystérique de l’égalité entre les sexes en dise.

         Paradoxalement, même sans gros plan génital, l’effet qu’une femme nue procure chez le spectateur est autrement plus puissant que celui qu’un homme nu provoque chez la spectatrice. Attention, cela ne signifie pas que l’effet soit nul chez la femme ! Cependant, l’homme et la femme n’alimentent pas les mêmes désirs, leur dynamique érotique étant sensiblement différente.

         L’art et plus généralement les media dénaturent depuis une quarantaine d’années la valeur et les fondements de l’érotisme, popularisant à outrance ce qui doit être découvert au fur et à mesure d’une vie. Outre les différences fondamentales entre l’érotisme et la pornographie, j’oserai celle-ci : l’érotisme vient à nous comme des chocs et des révélations successives enrichissant au cours de l’existence nos désirs et nos plaisirs, tandis que la pornographie découle d’un choix. La dénaturation entreprise par les media a créé un entre-deux, trop souvent imposé aux yeux de tous pour être qualifié d’érotisme, et trop facile d’accès pour être qualifié de pornographie. Internet accélère ce mouvement dangereusement.

         Dans les années 70, le carré blanc au bas de l’écran indiquait que des scènes de corps dévoilés pouvaient heurter la sensibilité de certains téléspectateurs, et ces films ou émissions n’étaient, en général, que diffusés à des heures tardives. L’enfant ou l’adolescent qui tombait dessus s’en voyait tout émoustillé, et conservaient délicieusement le souvenir des images, attisant et alimentant ainsi son évolution sexuelle.

         Dans les années 80, une femme enlevait son pull et se retrouvait seins nus devant son frigo aux seules fins de promouvoir une marque de cuisine dans une publicité. L’image en elle-même n’était pas plus choquante que celle du film ou de l’émission cités plus haut, mais le visionnage pouvait avoir lieu à n’importe quelle heure de la journée et sans prévention. Ce ne sont que des seins diront certains qui s’empresseront de se gausser de mon puritanisme apparent. C’est pourtant bien là qu’ils se méprennent, aussi bien sur l’impact de la dite publicité que sur mon puritanisme. Il n’y a tout simplement aucun intérêt à montrer une poitrine féminine pour vendre des cuisines, car il n’y a aucun rapport entre des seins et une cuisine, d’où l’effet pernicieux sur l’évolution salutaire de l’érotisme pour le jeune spectateur. Un raccourci a été engendré, faisant fi de ce qui constitue l’une des bases temporelles de l’érotisme : la sporadicité. 



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