Michel Nuridsany vient du publier un ouvrage sur Jean-Michel Basquiat.
Avant toute chose, amusons-nous un peu en le citant :
Basquiat avait une étincelle dans les yeux et
il brillait.
Il était grand (1,84 m). L’air d’un roi. Un roi dévasté, à la fin de sa courte vie, mais qui, toujours,
rayonnait.
Grâce, oui, dans la façon de marcher, de danser, de bouger. Grâce dans le sourire. Grâce dans la réussite. Grâce dans la douceur. Grâce
dans la manière d’être.
Grâce dans la façon d’avoir de la grâce.
Pour brouiller l’image, il jetait d’une voix
rapide et basse, avec un soupçon d’ironie : « J’aime
aussi passer pour un voyou. J’adore ça. »
D'emblée, on n'évoque pas l'artiste en tant que créateur d'oeuvres, mais en tant que personnage ayant compris (ou conseillé par les puissants marchands d'art - Bischofberger, Shafrazi - ou par Warhol, le chantre de l'art pop -Parodie Opiniâtre de la Paresse ? -) que la posture et l'insolence facile prévalaient sur la réalisation artistique.
Mais continuons les citations avec l'évocation, tout de même, de l'oeuvre
Grâce
dans le trait du crayon, du pastel, dans l’avancée du pinceau. Grâce dans la façon de peindre avec une sorte d’évidence, comme en se jouant.
Ci-dessous quelques reproductions d'oeuvres de Basquiat afin d'illustrer la façon dont Nurisdany a changé la signification du mot Grâce :
vendredi 30 janvier 2015
mercredi 21 janvier 2015
Koons, au coeur de l'imposture, encore...
Selon Alain Seban, directeur du centre Pompidou : Une large part de la création moderne et contemporaine repose sur le concept de citation, voire d'appropriation. Il est essentiel que les musées puissent continuer à rendre compte de ces démarches artistiques.
Il a tenu ces propos suite à l'assignation en justice pour contrefaçon de Jeff Koons, par un publiciste qui clame haut et fort, et à raison, que son travail a été plagié outrageusement par le sacro-saint Koons, grand prêtre de l'art contemporain.
Sommes-nous tombés si bas dans ce que l'art devrait être pour que le représentant d'un des hauts lieux de l'art à Paris cautionne des pitreries pareilles ?
Il a tenu ces propos suite à l'assignation en justice pour contrefaçon de Jeff Koons, par un publiciste qui clame haut et fort, et à raison, que son travail a été plagié outrageusement par le sacro-saint Koons, grand prêtre de l'art contemporain.
Sommes-nous tombés si bas dans ce que l'art devrait être pour que le représentant d'un des hauts lieux de l'art à Paris cautionne des pitreries pareilles ?
lundi 19 janvier 2015
Gigi
On l'appelle le 9ème art : la bande dessinée. Multiple, hétéroclite, brassant génies et imposteurs, la BD a en effet tout d'un art !
Et là aussi, des méconnus, des oubliés.
Gigi (Robert de son prénom), (1926-2007), fut de ceux que le succès a couronné pendant un temps de leur carrière, jusqu'à se faire oublier.
Pourtant, l'artiste collabora avec des grands noms (Lob, Moliterni), fut publié à grands tirages (France-Soir), participa à de grands évènements internationaux, ...
Sa renommée fut initialement due à sa série Scarlett Dream, traduite dans plusieurs langues.
Une autre série, Ugaki, laissait entendre que l'artiste n'était pas qu'un illustrateur.
Des séries, plus personnelles, marquèrent l'univers de la BD par leur étrangeté et leur fantasmagorie (Agar, Orion).
Sa trilogie Les Dossiers des Soucoupes volantes , avec Lob, avait brillamment surfé sur la vague ovni en des temps où mysticisme, fantastique, extraterrestres, hippies fleurissaient.
Il fut aussi un grand dessinateur qui laissait libre cours à ses phantasmes.
Et là aussi, des méconnus, des oubliés.
Gigi (Robert de son prénom), (1926-2007), fut de ceux que le succès a couronné pendant un temps de leur carrière, jusqu'à se faire oublier.
Pourtant, l'artiste collabora avec des grands noms (Lob, Moliterni), fut publié à grands tirages (France-Soir), participa à de grands évènements internationaux, ...
Sa renommée fut initialement due à sa série Scarlett Dream, traduite dans plusieurs langues.
Une autre série, Ugaki, laissait entendre que l'artiste n'était pas qu'un illustrateur.
Des séries, plus personnelles, marquèrent l'univers de la BD par leur étrangeté et leur fantasmagorie (Agar, Orion).
Sa trilogie Les Dossiers des Soucoupes volantes , avec Lob, avait brillamment surfé sur la vague ovni en des temps où mysticisme, fantastique, extraterrestres, hippies fleurissaient.
Il fut aussi un grand dessinateur qui laissait libre cours à ses phantasmes.
vendredi 16 janvier 2015
Brancusi, la machine à remonter le temps
Cette œuvre mondialement connue de Brancusi (1876-1957) a-t-elle apporté quelque chose à l'art ? Traduit-elle une évolution, ou ne serait-ce qu'un hiatus significatif - car l'on connaît trop bien la propension des marchands et autres faiseurs d'art à trouver un sens à la plus puérile des contestations ?
Ci-dessous, une œuvre que Brancusi n'aurait certainement pas refusé de mettre à son compte tant le concept de transfiguration géométrique est abouti :
Ces œuvres ont pour auteur(s) un ou des artistes de la culture Valdivia (Equateur), dont la datation imprécise se situe entre 4500 et 1500 ans. Brancusi, néo-valdivien en herbe ?... Pas de quoi l'ériger en grand maître du XXème...
jeudi 15 janvier 2015
Gustave Doré
Gustave Doré (1832-1883) fut un des artistes français du XIXème siècle dont la renommée s'étendit hors des frontières, célébré, notamment, par les illustrations littéraires dont les ouvrages d'il y a trente ans à peine étaient ornés et ont enrichi notre mémoire collective.
De nos jours, d'où la raison de cet article, les jeunes générations le méconnaissent.
De nos jours, d'où la raison de cet article, les jeunes générations le méconnaissent.
Ses illustrations des Contes de Perrault, de La Sainte Bible, des Fables de La Fontaine ou des Lusiades de Camoes, entre autres, émaillent par leur puissance les plus belles pages de la littérature.
Les Fables de La Fontaine |
Gargantua de Rabelais |
Les Lusiades de Camoes |
mardi 13 janvier 2015
Réflexion sur le Nu
Un
nu féminin n’a pas le même impact qu’un nu masculin. Dans le premier cas, nulle
vue directe sur les organes sexuels à proprement parler. Admettons une
comparaison audacieuse : s’il fallait exposer réellement le sexe de la
femme cela reviendrait à ouvrir le capot d’un bolide pour en observer le
moteur, ou couper une pomme en deux et être frappé par la suggestion que ce
fruit suscite par la tranche, selon une image fort véhiculée. Il me faut
préciser, avant que les bons penseurs ne s’écrient que je compare le moteur
d’une voiture à une femme, qu’il s’agit de comparer des impressions inspirées
par la vue d’un élément mis en focus au détriment de l’ensemble dont il fait
partie. Personne ne m’aurait reproché l’image de la pomme, et pourtant le sexe
d’une femme n’a rien d’un fruit, à moins que le simple fait de le porter à la
bouche et d’en gouter la saveur suffise à cautionner la comparaison pour
les outrés du premier exemple !
Ainsi, lorsque l’on voit un homme nu à la télévision, pour
ne citer que le plus généraliste des media, cela n’équivaut pas à la vision
d’une femme nue, quoique l’opinion bien pensante et chantre hystérique de
l’égalité entre les sexes en dise.
Paradoxalement, même sans gros plan génital, l’effet qu’une
femme nue procure chez le spectateur est autrement plus puissant que celui
qu’un homme nu provoque chez la spectatrice. Attention, cela ne signifie pas
que l’effet soit nul chez la femme ! Cependant, l’homme et la femme
n’alimentent pas les mêmes désirs, leur dynamique érotique étant sensiblement
différente.
L’art et plus généralement les media dénaturent depuis une
quarantaine d’années la valeur et les fondements de l’érotisme, popularisant à
outrance ce qui doit être découvert au fur et à mesure d’une vie. Outre les
différences fondamentales entre l’érotisme et la pornographie, j’oserai
celle-ci : l’érotisme vient à nous comme des chocs et des révélations
successives enrichissant au cours de l’existence nos désirs et nos plaisirs,
tandis que la pornographie découle d’un choix. La dénaturation entreprise par
les media a créé un entre-deux, trop souvent imposé aux yeux de tous pour être
qualifié d’érotisme, et trop facile d’accès pour être qualifié de pornographie.
Internet accélère ce mouvement dangereusement.
Dans les années 70, le carré blanc au bas de l’écran
indiquait que des scènes de corps dévoilés pouvaient heurter la sensibilité de
certains téléspectateurs, et ces films ou émissions n’étaient, en général, que
diffusés à des heures tardives. L’enfant ou l’adolescent qui tombait dessus
s’en voyait tout émoustillé, et conservaient délicieusement le souvenir des
images, attisant et alimentant ainsi son évolution sexuelle.
Dans les années 80, une femme enlevait son pull et se
retrouvait seins nus devant son frigo aux seules fins de promouvoir une marque
de cuisine dans une publicité. L’image en elle-même n’était pas plus choquante
que celle du film ou de l’émission cités plus haut, mais le visionnage pouvait
avoir lieu à n’importe quelle heure de la journée et sans prévention. Ce ne sont
que des seins diront certains qui s’empresseront de se gausser de mon
puritanisme apparent. C’est pourtant bien là qu’ils se méprennent, aussi bien
sur l’impact de la dite publicité que sur mon puritanisme. Il n’y a tout
simplement aucun intérêt à montrer une poitrine féminine pour vendre des
cuisines, car il n’y a aucun rapport entre des seins et une cuisine, d’où
l’effet pernicieux sur l’évolution salutaire de l’érotisme pour le jeune
spectateur. Un raccourci a été engendré, faisant fi de ce qui constitue l’une
des bases temporelles de l’érotisme : la sporadicité.
lundi 12 janvier 2015
Nathalie Gassel
Nathalie Gassel (1964-) est une auteure belge, adepte du body-building
pour l'anecdote si en elle cela n'avait une importance cruciale, ayant pour propos central une mise en lumière de l'étrange, brutale, problématique et si riche interaction entre le corps et l'esprit.
Dans l'un de ses romans Des Années d'insignifiance (éditions Luce Wilquin), elle décrit dans un récit autobiographique l'enfance au
cours de laquelle elle fut incapable de se forger une identité, tout en
cheminant inconsciemment vers ce à quoi elle ne semblait être destinée,
l'art et la littérature. Avec pour influences majeures, Georges
Bataille, Mishima, Artaud, elle reprend le flambeau de ces auteurs en
marge du roman et de la poésie, aspirant à conjuguer l'intellect et le
physique, la raison et la sexualité, l'harmonie de la plume et du sabre, précepte bushido auquel se vouait Mishima.
Egalement photographe et auteure de romans érotiques, ces derniers bénéficient de sa belle écriture, et de sa recherche constante d'une entre conjugaison entre le corps et l'esprit . dimanche 11 janvier 2015
Nin
Il est un auteur, ou plutôt devrai-je dire une auteure, une écrivaine, dont l'œuvre est finalement méconnue en France ; il s'agit d'Anaïs Nin. Née en France en 1903, décédée aux USA en 1977, chaque biographie succincte qui lui est consacrée la positionne à l'ombre d'Henry Miller, et la présente comme une sorte de muse volage et volatile auprès de grands noms de la littérature (Miller, Artaud, pour ne citer que les plus importants), le film de Kaufman au début des années 1990 n'ayant fait qu'aggraver les choses. Bref, selon ces portraits biographiques, Nin n'aurait été qu'une mondaine lettrée, affamée d'expériences et de révolution sexuelle, animée parfois de quelques velléités littéraires notamment dans la rédaction de romans érotiques (Vénus erotica, par exemple).
Mais Nin fut bien plus que cela. Oui, Nin fut de ces femmes qui voulurent s'affranchir du cadre policé de la femme bien comme il faut en des temps où cela signifiait se tenir en retrait derrière l'homme, et n'être que la caution, la béquille et l'objet du plaisir de l'homme. Mais à la différence d'une Beauvoir trop encline à un militantisme féministe communard hystérisant, Nin conservait l'élégance dont une vraie femme n'a pas à se dispenser, capable d'entretenir diverses voire nombreuses liaisons sans en faire montre sous l'étendard de la femme libérée qui prône in fine plus que l'égalité des sexes par le levier de la sexualité et non par l'intellect. Nin, par ailleurs et surtout, fut un esprit brillant, véritablement humaniste, un être humain avant tout dans un corps de femme que les plaisirs attisent tout naturellement (et non idéologiquement).
Ci-dessous un passage de son Journal (1931-1934) très représentatifs de ses qualités artistiques et morales :
"Ce que j'ai à dire est tout à fait distinct de l'art et de l'artiste. C'est la femme qui veut parler.(...) Je dois parler au nom d'un grand nombre de femmes. A mesure que je me découvre, je sens que je ne suis qu'une parmi tant d'autres, un symbole. Je commence à comprendre les femmes d'hier et d'aujourd'hui. Celles du passé, privées de la parole, qui cherchaient refuge dans des intuitions muettes, et celles d'aujourd'hui, toutes livrées à l'action, qui copient les hommes. Et moi, entre les deux..."
Toujours, chez Nin, ce constat d'une ambivalence dont elle n'appartient à aucune des deux facettes. Elle ne se veut pas la muette compagne, mais n'en désire pas pour autant singer l'homme. Là est la véritable voie de la femme. Elle reproche les femmes de son temps de ne vivre que dans l'action, et ainsi décrira-t-elle June, la sulfureuse compagne de Miller, car Nin sait qu'elle ne doit pas délaisser l'intellect au profit d'une affirmation de la femme seulement basée sur l'action et le corps.
Mais Nin fut bien plus que cela. Oui, Nin fut de ces femmes qui voulurent s'affranchir du cadre policé de la femme bien comme il faut en des temps où cela signifiait se tenir en retrait derrière l'homme, et n'être que la caution, la béquille et l'objet du plaisir de l'homme. Mais à la différence d'une Beauvoir trop encline à un militantisme féministe communard hystérisant, Nin conservait l'élégance dont une vraie femme n'a pas à se dispenser, capable d'entretenir diverses voire nombreuses liaisons sans en faire montre sous l'étendard de la femme libérée qui prône in fine plus que l'égalité des sexes par le levier de la sexualité et non par l'intellect. Nin, par ailleurs et surtout, fut un esprit brillant, véritablement humaniste, un être humain avant tout dans un corps de femme que les plaisirs attisent tout naturellement (et non idéologiquement).
Ci-dessous un passage de son Journal (1931-1934) très représentatifs de ses qualités artistiques et morales :
"Ce que j'ai à dire est tout à fait distinct de l'art et de l'artiste. C'est la femme qui veut parler.(...) Je dois parler au nom d'un grand nombre de femmes. A mesure que je me découvre, je sens que je ne suis qu'une parmi tant d'autres, un symbole. Je commence à comprendre les femmes d'hier et d'aujourd'hui. Celles du passé, privées de la parole, qui cherchaient refuge dans des intuitions muettes, et celles d'aujourd'hui, toutes livrées à l'action, qui copient les hommes. Et moi, entre les deux..."
Toujours, chez Nin, ce constat d'une ambivalence dont elle n'appartient à aucune des deux facettes. Elle ne se veut pas la muette compagne, mais n'en désire pas pour autant singer l'homme. Là est la véritable voie de la femme. Elle reproche les femmes de son temps de ne vivre que dans l'action, et ainsi décrira-t-elle June, la sulfureuse compagne de Miller, car Nin sait qu'elle ne doit pas délaisser l'intellect au profit d'une affirmation de la femme seulement basée sur l'action et le corps.
vendredi 9 janvier 2015
Brillante critique de l'art dit contemporain
En 2009, Jean-Louis Harouel, auteur de l'ouvrage La grande Falsification - L'Art contemporain, confiait au Figaro en réaction à l'exposition de Jan Fabre au Louvre :
"Ce qu'on appelle de manière inadéquate art contemporain prend depuis 2004 une place croissante face aux chefs-d'œuvre du Louvre. [...] Aujourd'hui, le centre de la vaste salle où se déploie la vie de Marie de Médicis peinte par Rubens est un amas chaotique de pierres tombales pareil à l'arrière-cour d'un marbrier funéraire négligent. L'imposture règne au Louvre.
En règle générale, le prétendu art contemporain n'est qu'imposture [...] ceux qui s'obstinaient contre l'évidence à se dire artistes ont de plus en plus abandonné la vraie création artistique pour y substituer une intention philosophique, sociologique, spirituelle ou autre, laquelle, quand on peut la connaître, est généralement indigente. Avec le plus souvent pour résultat, d'un point de vue artistique, le rien ou le n'importe quoi. [...] C'est l'académisme de notre temps. [...] Le succès de cette duperie est étrange, mais approprié au règne des puissants sans culture, privés des modèles sociaux supérieurs qui les guidaient jadis. [...] Un art qui n'en est pas un convient parfaitement à des élites incultes.
Mais, d'où vient la rage de faire entrer cette farce dans les musées classiques, et tout particulièrement au Louvre ? [...] L'art contemporain, qui n'est pas de l'art, cherche à se donner une légitimité artistique en établissant une confrontation forcée avec les plus grands chefs-d'œuvre de l'art. [...] L'exposition Jan Fabre au Louvre n'apporte rien à Van Eyck, Memling, Rembrandt ou Rubens. En revanche, elle apporte à Jan Fabre l'illusion d'avoir dialogué d'égal à égal avec eux, et donc d'être un grand artiste. [...] À l'heure [...] où raser une église faute de moyens pour l'entretenir tend à entrer dans les mœurs, il est choquant de voir les plus hauts responsables de la culture orienter l'argent public et celui du mécénat vers les bouffonneries de ce qu'on appelle indûment art contemporain."
jeudi 8 janvier 2015
Mario de Sà-Carneiro, poète méconnu
Fernando Pessoa, est sans nul doute le poète portugais le plus connu, mais rares sont ceux qui connaissent et ont lu Mario de Sà-Carneiro. Tous deux furent amis pendant les trop courtes années de la brève existence de Sà-Carneiro. Il naquit à Lisbonne en 1890 et se suicida par ingurgitation massive de strychnine à Paris en 1916, à l'âge de 25 ans.
Il fut l'un des plus brillants représentants du modernisme, théoricien de ce que Pessoa et lui-même nommèrent le Sensationnalisme, qu'on pourrait résumer par le mariage électrique du symbolisme et du futurisme, merveilleusement exprimé dans sa poésie.
Sà-Carneiro aimait à flirter avec le fantastique, mais comme très souvent dans ses nouvelles (Ciel en Feu) ou dans son unique roman (La Confession de Lucio), le décor dans lequel se déroulent les intrigues fantasmagoriques n'est autre que l'imagination morbide du narrateur ou du personnage principal.
Il fut l'un des plus brillants représentants du modernisme, théoricien de ce que Pessoa et lui-même nommèrent le Sensationnalisme, qu'on pourrait résumer par le mariage électrique du symbolisme et du futurisme, merveilleusement exprimé dans sa poésie.
Sà-Carneiro aimait à flirter avec le fantastique, mais comme très souvent dans ses nouvelles (Ciel en Feu) ou dans son unique roman (La Confession de Lucio), le décor dans lequel se déroulent les intrigues fantasmagoriques n'est autre que l'imagination morbide du narrateur ou du personnage principal.
mercredi 7 janvier 2015
Le corps n'est pas l'art en soi
Depuis une cinquantaine d'années, dans sa quête échevelée de nouveaux concepts, l'art, après avoir emprunté les voies (les impasses ?) de l'abstraction inintelligible (si ce n'est par ceux qui veulent nous faire croire en quelque message qui, soit dit en passant, risquerait fort de ne pas s'accorder avec celui de l'artiste), exploré de nouveaux supports souvent inadéquats ou non avenus (exemple de l'urinoir parmi des milliers d'autres), est allé s'embourber sans en revenir de nos jours encore dans l'art par le corps. Les performers, entre autres adeptes de l'expression corporelle comme outil, support et technique abondent depuis les années 60 en œuvres dans lesquelles, s'il fallait résumer, l'important est de faire figurer des hommes et des femmes nus, comme si cela suffisait à pouvoir prétendre quelque innovation théoricienne, et les mascarades pseudo-chorégraphiques, les mises en scène absconses et l'utilisation d'objets incongrus ne peuvent rien changer à la vacuité du propos. A défaut de talent, ces artistes s'exposent dans le plus simple appareil, banalisant la nudité par la surexposition entrainant son avilissement.
Dans un article précédent, portant sur les hyperréalistes, dont Sam Jinks et John de Andrea dont les nus hyperréalistes réalisés en résine sont prodigieux, j'ai voulu montrer les limites de ce qu'il était judicieux d'exposer : la beauté du corps par une réalisation artistique découlant d'un savoir-faire, de l'utilisation efficace et talentueuse d'outils techniques ; et cela est beau, et dans une approche théoricienne bien plus louable que de se trimbaler et gigoter nu devant des spectateurs qui s'émoustillent plutôt qu'ils n'apprécient le propos et l'achèvement d'une œuvre. Sam Jinks et John de Andrea jouent avec le fil du rasoir, mais outre le fait qu'ils font preuve de virtuosité technique, provoquent chez le spectateur le salutaire émoi qu'une œuvre à connotation érotique est en droit de susciter et dont le propos est précisément de poser les jalons du maximum acceptable pour que l'on puisse considérer leur travail comme de l'art. Jinks et De Andrea exercent au bord du précipice et ouvrent ainsi grand le paysage intérieur du spectateur confronté à ses désirs et à son imagination, car là est une autre qualité d'un art érotique : même explicite, la nudité des corps est factice. Un corps nu est cible de désir ou d'appétence sexuelle, une représentation artistique d'un corps nu est source de désir mais nous confronte parallèlement à l'analyse de ces mêmes désirs, car l'art s'apprécie dans la solitude de celui qui s'en nourrit, non dans la confrontation brutale avec un autre humain dans le plus simple appareil. La distanciation nécessaire disparaît dans les œuvres des performers exhibitionnistes pour ne devenir qu'un étalage rendu banal de la beauté du corps, ridicule dans le propos, trop facile dans la réalisation, prétentieux dans l'exécution.
Parmi ses pseudo-artistes, ces théoriciens du nudisme comme Art poétique, je citerai le belge Jan Fabre à l'égo démultiplié par les critiques d'art en mal de réflexion.
Mises en scène dignes d'un adolescent en proie à ses premiers désirs coupables, intellectualisées à l'aune de ses mièvres aptitudes philosophico-artistiques. Ce type d'artistes souffre ostensiblement d'une immaturité sexuelle, d'où la mise en abîme récurrente de l'image du sexe comme autre chose qu'une source de plaisir, un creuset de douleurs plus ou moins mystiques,
Bref, piètre passerelle entre l'art et la psychanalyse, mais la moins défendable qui soit, celle de l'artiste.
Et ci-dessous, un florilège de ridicule (ce ne sont que quelques exemples, car il me serait facile d'en trouver des milliers tant l'art d'aujourd'hui nous prodigue de ces vacuités qui n'ont d'intérêt que génital, même si je suppose que les adeptes et défenseurs de ce genre d'évènements me taxeraient de frustré ou de complexé voire de puritain, ce à quoi je répondrai que bien au contraire, la sexualité est fantastique et suffisamment riche pour ne pas s'extraire du décor qui lui sied véritablement) :
Qui après ces images osera me soutenir que c'est de l'art et non le plus facile et prétentieux étalage sexuel ?
Dans un article précédent, portant sur les hyperréalistes, dont Sam Jinks et John de Andrea dont les nus hyperréalistes réalisés en résine sont prodigieux, j'ai voulu montrer les limites de ce qu'il était judicieux d'exposer : la beauté du corps par une réalisation artistique découlant d'un savoir-faire, de l'utilisation efficace et talentueuse d'outils techniques ; et cela est beau, et dans une approche théoricienne bien plus louable que de se trimbaler et gigoter nu devant des spectateurs qui s'émoustillent plutôt qu'ils n'apprécient le propos et l'achèvement d'une œuvre. Sam Jinks et John de Andrea jouent avec le fil du rasoir, mais outre le fait qu'ils font preuve de virtuosité technique, provoquent chez le spectateur le salutaire émoi qu'une œuvre à connotation érotique est en droit de susciter et dont le propos est précisément de poser les jalons du maximum acceptable pour que l'on puisse considérer leur travail comme de l'art. Jinks et De Andrea exercent au bord du précipice et ouvrent ainsi grand le paysage intérieur du spectateur confronté à ses désirs et à son imagination, car là est une autre qualité d'un art érotique : même explicite, la nudité des corps est factice. Un corps nu est cible de désir ou d'appétence sexuelle, une représentation artistique d'un corps nu est source de désir mais nous confronte parallèlement à l'analyse de ces mêmes désirs, car l'art s'apprécie dans la solitude de celui qui s'en nourrit, non dans la confrontation brutale avec un autre humain dans le plus simple appareil. La distanciation nécessaire disparaît dans les œuvres des performers exhibitionnistes pour ne devenir qu'un étalage rendu banal de la beauté du corps, ridicule dans le propos, trop facile dans la réalisation, prétentieux dans l'exécution.
Parmi ses pseudo-artistes, ces théoriciens du nudisme comme Art poétique, je citerai le belge Jan Fabre à l'égo démultiplié par les critiques d'art en mal de réflexion.
Mises en scène dignes d'un adolescent en proie à ses premiers désirs coupables, intellectualisées à l'aune de ses mièvres aptitudes philosophico-artistiques. Ce type d'artistes souffre ostensiblement d'une immaturité sexuelle, d'où la mise en abîme récurrente de l'image du sexe comme autre chose qu'une source de plaisir, un creuset de douleurs plus ou moins mystiques,
Bref, piètre passerelle entre l'art et la psychanalyse, mais la moins défendable qui soit, celle de l'artiste.
Et ci-dessous, un florilège de ridicule (ce ne sont que quelques exemples, car il me serait facile d'en trouver des milliers tant l'art d'aujourd'hui nous prodigue de ces vacuités qui n'ont d'intérêt que génital, même si je suppose que les adeptes et défenseurs de ce genre d'évènements me taxeraient de frustré ou de complexé voire de puritain, ce à quoi je répondrai que bien au contraire, la sexualité est fantastique et suffisamment riche pour ne pas s'extraire du décor qui lui sied véritablement) :
Qui après ces images osera me soutenir que c'est de l'art et non le plus facile et prétentieux étalage sexuel ?
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